2018 n’a pas manqué de secousses entre la Chine et les États-Unis. Tarifs douaniers, bras de fer commercial, arrestation retentissante du directeur financier de Huawei à Vancouver à la demande de Washington : la tension s’est invitée partout, jusque dans les échanges économiques les plus stratégiques.
Et pourtant, sur le front des introductions en bourse, les sociétés chinoises ont bousculé tous les pronostics. L’an dernier, 33 entreprises venues de Chine ont fait leur entrée sur la Bourse de New York et le NASDAQ, affichant près de 9 milliards de dollars américains levés. C’est le plus haut niveau depuis 2010, loin devant les 17 inscriptions observées en 2017. Derrière ces chiffres, une volonté nette : capter l’intérêt du marché américain et sécuriser des capitaux en dollars, malgré un contexte politique crispé.
Foi des investisseurs
Dans un climat tendu, voir autant d’entreprises chinoises franchir le pas de la cotation à Wall Street a de quoi surprendre. Pourtant, certaines d’entre elles s’étaient déjà illustrées, sans avoir besoin de s’ouvrir aux marchés internationaux. La réussite d’une introduction en bourse témoigne d’un signal fort : les investisseurs mondiaux accordent leur confiance, et le NASDAQ reste une porte d’entrée privilégiée pour ceux qui visent une croissance rapide et des fonds significatifs.
Mais la prudence reste de mise. Si le volume des IPO chinoises a battu des records depuis 2010, les performances, elles, n’ont pas suivi la même trajectoire. Les premiers actionnaires ont essuyé des pertes pouvant atteindre 16 %, impactés par le ralentissement du marché chinois. À cela s’ajoute un phénomène classique lors de ces opérations : l’arrivée massive de nouveaux actionnaires, associée à un nombre limité d’actions en circulation, a mis la pression sur le marché vendeur et accentué la volatilité.
Ralentissement de la croissance mondiale
Le coup d’arrêt n’a pas concerné que les IPO venues de Chine. Fin décembre, les places boursières mondiales ont vacillé : les ventes se sont multipliées, tirées par la crainte d’une guerre commerciale qui s’enliserait entre Pékin et Washington. Des chiffres décevants sur les ventes au détail en Chine continentale ont sonné comme un avertissement. Beaucoup d’investisseurs misaient sur un rebond, porté par le plan de relance adopté en été. Mais la réalité s’est montrée plus rugueuse : la croissance promise tarde à se concrétiser.
En 2019, les entreprises chinoises continueront sans nul doute à marquer de leur empreinte les marchés boursiers mondiaux. Mais si les cours des nouvelles sociétés n’affichent pas de progression rapide, le goût des investisseurs américains pour ces IPO pourrait s’émousser, laissant planer une incertitude durable sur la dynamique entre les deux géants économiques.

